En tant qu’expert des polymères, nous essayons de rendre le savoir accessible à tous. Pour cela nous vulgarisons des notions clés afin de permettre au plus grand nombre, une meilleure compréhension de notre activité. Découvrez en quelques mots la définition d’un polymère et les différents types de polymères.
Un polymère est une macromolécule, formé d’unités monomères liées entre elles par des liaisons covalentes. L’image généralement donnée pour illustrer cette réalité chimique est celle du collier de perles : les perles (qui représentent les monomères) une fois assemblées forment le collier (le polymère).
Le terme polymère est utilisé depuis un peu plus de 100 ans mais les polymères naturels existent depuis toujours : les protéines, la cellulose (bois, coton) ou encore l’ADN
Les polymères peuvent être classés selon différents critères : leur origine, leur domaine d’application, ou encore leurs propriétés thermomécaniques.
Quelle origine pour les polymères ?
Les polymères peuvent être d’origine naturelle, artificielle ou synthétique.
Les polymères naturels sont issus du végétal ou de l’animal : on peut citer par exemple la famille des polysaccharides (cellulose, amidon…) ; celle des protéines (polymères constitués d’un enchainement d’acides aminés) qui comprend par exemple la kératine (laine, cheveux, ongles) ; ou encore le caoutchouc naturel récolté par saignée de l’arbre hévéa et essentiellement utilisé dans l’industrie du pneumatique
Les polymères artificiels sont obtenus par modification chimique de polymères naturels, dans le but d’adapter certaines de leurs propriétés à un besoin spécifique. Par exemple, la nitrocellulose, qui est un ester de cellulose explosif dérivé de la cellulose, et utilisé dans des munitions.
Les polymères synthétiques sont les polymères créés par l’Homme. Ils sont obtenus par polymérisation de monomères, eux-mêmes généralement issus de l’industrie du pétrole. Ils sont souvent appelés « plastiques » bien que cela soit un abus de langage : la matière plastique est en réalité une formulation à base de polymère mais aussi d’additifs (plastifiant, colorant, charge,…).
Quelles applications pour les polymères ?
La variété des propriétés des différents polymères a multiplié leurs applications, on peut cependant proposer trois grandes catégories :
Les polymères de commodité, dont la production annuelle s’évalue en millions de tonnes, et qui sont omniprésents dans la vie quotidienne. On peut citer par exemple le polyéthylène, le polystyrène, ou le poly(chlorure de vinyle) (PVC). Ces polymères de commodité représentent une importance économique considérable.
Les polymères techniques, designés pour obtenir des propriétés mécaniques renforcées dans le but de remplacer les matériaux traditionnels tels que les métaux ou la céramique. Les polyamides ou les polyacétals en sont de bons exemples.
Les polymères de fonction, développés pour une application particulière, avec une fonction bien spécifique, par exemple les polymères sensible à une stimulation, telle qu’une stimulation électrique (polymères conducteurs), thermique (thermosensible) ou UV (photosensible).
Quelles propriétés thermomécaniques
Le plus souvent, c’est par leurs propriétés thermomécaniques que les polymères sont classés.
Les thermoplastiques sont malléables quand ils sont chauffés, puis durcissent lorsqu’ils reviennent à température ambiante. Une matière thermoplastique conserve toujours de manière réversible sa thermoplasticité initiale, à condition qu’elle ne soit pas dégradée thermiquement.
Les élastomères présentent d’excellentes propriétés élastiques et supportent ainsi d’importantes déformations réversibles.
Les thermodurcissables durcissent de façon irréversible, le plus souvent sous l’action de la chaleur en présence de réactifs. Le produit fini ainsi obtenu n’est plus transformable, ce qui limite notamment sa recyclabilité.
Quelques exemples de chacune des familles sont donnés ci-dessous, avec leurs applications les plus courantes.
- Les thermoplastiques:
Polyoléfines (polyéthylène PE, polypropylène PP), couramment utilisés notamment dans l’alimentaire, pour les emballages et bouteilles ;
Polyvinyliques, le plus connu étant le PVC (polychlorure de vinyle) utilisé pour la fabrication de tuyaux, fenêtres, ou revêtements de sol ;
Polystyréniques, utilisés par exemple pour les pots de yaourts, les emballages, ou les matériaux d’isolation ;
Polyacryliques, utilisés dans le bâtiment pour les vitrages (par exemple la marque Plexiglas®), ou dans l’ophtalmologie pour les verres de lunette ou les lentilles,
Polyamides, utilisés notamment pour l’industrie textile, par exemple le nylon ou le poly(p-phénylènetéréphtalamide) (PPD-T) plus connu sous le nom de Kevlar® ;
Polycarbonates, utilisés pour les vitrages de sécurité,
Polyfluoroéthènes, par exemple le PTFE utilisé dans les revêtements antiadhésifs (la marque bien connue Teflon®) ou les tuyaux.
- Les thermodurcissables
Polyuréthanes, utilisés pour les mousses rigides (isolation des bâtiments) ou souples (assises de sièges et canapés par exemple), les peintures, ou les colles ;
Polyesters insaturés, utilisés dans la formulation de laques et de vernis ;
Phénoplastes et aminoplastes, utilisés comme adhésifs ou revêtements, par exemple la marque Formica® ;
Polyépoxydes, également trouvé dans les adhésifs et revêtements,
Polyimides, utilisés pour les circuits imprimés souples.
- Les élastomères
Caoutchoucs à base de polybutadiène, utilisé pour les pneumatiques, les joints ;
Caoutchoucs EPDM, souvent utilisé dans les joints d’étanchéité ;
Fluoroelastomères tels que FKM, FFKM et FEPM, utilisés pour les joints nécessitant une bonne résistance à la chaleur ;
Vinyliques tels que l’EVA, utilisé dans les colles « hot-melt » mais aussi dans l’encapsulation de cellules photo-voltaïques grâce à sa transparence.
On peut également citer les TPE, ou élastomère thermoplastique, qui présentent les caractéristiques des thermoplastiques (ramollissent et durcissent de manière réversible sous l’action de la chaleur) et des élastomères (propriétés élastiques). Ceux-ci peuvent être à base de polyuréthane, de styréniques ou de polyester.
Les polymères ne sont généralement pas utilisés seuls, mais très souvent en formulation avec des additifs tels que des charges minérales et organiques, des plastifiants, des stabilisants, des lubrifiants, des colorants, des ignifugeants,…
Chaque famille de polymère présente ses propres caractéristiques, qu’il est possible de classer en trois catégories :
Les propriétés mécaniques, qui expriment notamment la rigidité, la viscosité, la dureté, ou le fluage d’un matériau ;
Les propriétés physico-chimiques, qui sont les caractéristiques liées à la nature chimique du matériau, comme le pH, la structure chimique, les masses molaires, ou l’absorbance UV ;
Les propriétés thermiques, telles que les températures de fusion, de cristallisation, de transition vitreuse ou de dégradation.
Production et application des polymères
Selon l’OCDE, la production mondiale de polymères est d’environ 460 millions de tonnes (chiffre de 2019) : elle a triplé en 30 ans, et augmente dans toutes les régions du monde.
Les applications principales, corrélées aux natures de polymères utilisés, sont illustrées dans le graphique ci-dessous. C’est le secteur de l’emballage, via l’utilisation de polyoléfine (polyéthylène et polypropylène) et de PET (poly(téréphthalate d’éthylène)), qui sort majoritaire avec près de 40% des polymère produits dans le monde utilisés pour cette application.
Quelques chiffres de l’OCDE sont édifiants :
- La consommation moyenne de polymères est de 64 kg/an/habitant à travers le monde
- Le record de 250 kg/an/habitant est détenu par les Etats-Unis
- La quantité de déchets plastiques a plus que doublé en 20 ans, de 156 Mt en 2000 à 353 Mt en 2019.
- Seuls 9% de ces déchets sont recyclés, tandis que 50% sont envoyés en décharges, 19% sont incinérés, et 22% se retrouvent dans la nature, dans des décharges non contrôlées ou brûlés à ciel ouvert.
- Dans le même temps (2000 – 2019), la production de plastique recyclé augmente mais ne représente que 6% de la production mondiale totale de plastique.
La conscience citoyenne pousse à responsabiliser les acteurs du secteur, via deux axes principaux :
- La mise en place de filières de recyclage des matières plastiques.
- Le développement de polymère biosourcés et/ou biodégradables pour limiter l’impact sur l’environnement.
Recyclage des plastiques :
La plupart des thermoplastiques sont facilement recyclables ou réutilisables. Cela dit, en général un maximum de 10% de matière recyclée est réinjectée dans un produit neuf.
La difficulté rencontrée par la filière du recyclage est que les plastiques ne sont pas triés par nature lorsqu’ils sont broyés en fin de vie, or ils proviennent de tout type d’applications. Chaque application, chacune nécessitant ses propres additifs, ce qui entraîne contamination, incompatibilités, difficultés de mise en œuvre….
Une bonne solution est le recyclage en « cycle fermé » : il consiste à récupérer les déchets issus de ses propres produits, ce qui peut se traduire par exemple par la réutilisation des rebus et des carottes de production : cette solution permet de diminuer les pertes tout en maintenant de bonnes propriétés après recyclage.
Bioplastiques :
Les bioplastiques représentent une alternative naissante aux matières pétro-sourcées. Il faut cependant bien distinguer deux catégories dans ces bioplastiques : biosourcés (lié à l’origine des matières premières) et biodégradables (lié à la fin de vie du matériau). Les principaux polymères pétro-sourcés possèdent un équivalent biosourcé, cependant les process ne sont pas optimisés et la quantité réelle de « biosourcé » n’est parfois que de quelques pourcents.